Dans cette 1re circonscription qu’il connaît bien et qui le reconnaît tout autant, Stéphane Mazars, le député sortant de la majorité présidentielle, sera-t-il bousculé à l’issue du scrutin de ces élections législatives anticipées qui ont plongé le pays dans un chaos politique inédit ?
Le candidat du Rassemblement national, Jean-Philippe Chartier, va-t-il profiter de cet élan donné par le résultat de son parti aux élections européennes ? Alors que le jeune Léon Thébault, adoubé par le Nouveau Front populaire, entend bien ravir le fauteuil au député sortant. En 2022, Stéphane Mazars l’avait largement emporté alors que le candidat EELV portait alors l’étiquette de la Nupes. Et Léon Thébault, qui tente de combler un déficit de notoriété face à celui qui laboure depuis des années le terrain sur sa circonscription, tire régulièrement à boulets rouges sur le candidat Renaissance, comprenant bien que des voix sont à aller chercher du côté des déçus de la politique d’Emmanuel Macron. Les différents candidats vont également tenter de grappiller des bulletins auprès des abstentionnistes. En 2022, elle avait battu des records. La configuration de ces élections est bien différente et d’ailleurs, le regain d’intérêt pour ce scrutin laisse présager une plus forte participation qui pourrait donner l’avantage à l’un des trois principaux candidats.
Stéphane Mazars se veut le barrage « aux extrêmes »
Les yeux rivés sur son téléphone, à la salle des fêtes de Rodez, le dimanche soir des Européennes, Stéphane Mazars le confiait : « C’est encore sous embargo mais ça ne sent pas très bon… » C’était peu de le dire. Mais le véritable choc n’était pas encore venu : il est arrivé peu après 21 heures, avec la dissolution. « Je ne peux pas abandonner, c’est ma circonscription et je n’ai pas le sentiment d’avoir démérité« , réagissait-il d’emblée, encore un peu groggy.
Depuis, l’ancien avocat ruthénois est reparti en campagne. Plus motivé que jamais. À l’écoute pour comprendre cette vague RN, ce rejet de Macron aussi et surtout pour faire barrage « aux deux extrêmes« . À l’instar de son chef de file, Gabriel Attal, en qui il avait noué de nombreux espoirs car se retrouvant « dans la valeur travail mise au centre du débat et des politiques« , le député sortant a pris un nouveau ton grave. « Nous sommes face à l’Histoire« , assurait-il il y a peu dans nos colonnes. Avec deux adversaires : un RN « aux antipodes des valeurs aveyronnaises et avec un programme qui ne cesse de fluctuer et irréalisable« et un Nouveau Front populaire « dominé par La France Insoumise derrière les visages sympathiques d’écolos et de socialos… Leur politique, c’est la fureur et le chaos. » En somme, comme il ne cesse de le marteler : « Des radicalisés de chaque côté ».
Mais plus que le discours politique, Stéphane Mazars sait surtout qu’il peut compter sur une certaine notoriété lors de cette nouvelle campagne. À Bozouls, à Laguiole, à Campouriez et surtout à Rodez, dont on sait que les nombreux électeurs peuvent faire basculer le scrutin de la 1re circonscription, l’ancien adhérent au PRG est un personnage qu’on aborde sans retenue. Un député de terrain, avec la prime au sortant. Cela lui suffira-t-il à faire redescendre la colère, dans les communes rurales, le milieu agricole ?
Léon Thébault, une nouvelle carte à jouer
Cela ne pouvait être que lui. La dissolution à peine annoncée par Emmanuel Macron, Léon Thébault se disait déjà candidat sur la première circonscription… et qu’importe finalement le score de sa famille politique, Les Verts, ne récoltant même pas 5 % dans la circonscription. Le jeune homme avait tenté l’expérience en 2022, lorsqu’il était étudiant à Sciences-Po Paris, et c’est tout naturellement qu’il représentera de nouveau la gauche unie lors du prochain scrutin. Car Léon Thébault, aujourd’hui collaborateur de la sénatrice écologiste Monique de Marco – élue en Gironde et née à… Decazeville –, n’a finalement jamais abandonné la bataille politique malgré la cabale lancée il y a deux ans par l’influenceur d’extrême droite, Damien Rieu, l’accusant de consommer de la cocaïne sur une vidéo… Le Marcillacois s’en est défendu, a fait le dos rond jusqu’à atteindre le second tour et s’est affirmé petit à petit comme un politique qui compte dans le paysage départemental. Que ce soit au sein du parti EELV pour lequel il a multiplié les conférences de presse localement ou encore sur les réseaux sociaux face à son principal concurrent : Stéphane Mazars. Régulièrement, il dénonce les positions du député sortant. Et son « inaction pour le territoire en bon petit soldat de Macron », comme il l’a martelé lors de son meeting à la salle des fêtes de Rodez ou encore lors de la récente crise agricole.
Se voulant la « force du changement », « la seule alternative crédible à Macron », le candidat âgé de 23 ans et toujours vêtu de sa chemise blanche a récemment confié qu’il sentait « une dynamique inédite » soulevée par le Nouveau Front populaire. Meilleure que celle de la Nupes en 2022 ? Elle lui avait alors permis de passer le premier tour avec 21,55 % des voix, loin devant la représentante du Rassemblement national. Mais depuis, tout a changé. « Il ne faut pas mépriser les électeurs de l’extrême droite mais rappeler surtout que leur programme ne tient pas », expliquait-il brièvement il y a peu. Car Léon Thébault a fléché son adversaire. Et il s’agit de Stéphane Mazars.
Jean-Philippe Chartier, un novice ambitieux
Si l’on qualifie certains candidats de « parachutés », pour Jean-Philippe Chartier le qualificatif de « propulsé » est davantage approprié… Car en seulement quelques mois, ce Ruthénois, « déçu » d’une droite traditionnelle qu’il juge « trop molle », a pris la tête de la section départementale du RN à la faveur de l’exclusion de l’historique Bruno Leleu, visé par plusieurs enquêtes judiciaires, et se retrouve aujourd’hui candidat naturel dans la première circonscription. Avec le vent dans le dos, pour reprendre une expression chère aux cyclistes : car le parti a réalisé une percée historique dans le département et Jordan Bardella a écrasé le scrutin des Européennes dans tout le Nord-Aveyron. Et même à Rodez, où il a devancé de près de cinq points la représentante de la majorité présidentielle… Le neurologue ruthénois parviendra-t-il à transformer l’essai ?
Bien difficile à dire, tant le sexagénaire souffre d’un déficit de notoriété face à un Stéphane Mazars connu de tous et un Léon Thébault labourant le terrain depuis plusieurs années. Toujours est-il que Jean-Philippe Chartier ne cache pas ses ambitions et a même récemment défrayé la chronique en se voyant déjà comme… ministre de la Santé. « On peut me prendre pour un mégalomane, mais si nous avons la majorité, je connais par cœur ce secteur dans lequel j’exerce depuis tout temps et j’ai déjà travaillé à un programme sérieux aux côtés de députés de notre famille politique. J’ai le même cursus qu’Olivier Véran et je ferai bien mieux que lui ! », avait-il confié. « L’histoire de France se déroule sous nos yeux, comme après la Révolution française où régnait le chaos. La Macronie a éliminé et rabaissé les Français au profit de la vague immigration. Le Rassemblement national arrive par les urnes pour remettre la France en ordre ! », a-t-il aussi avancé sur les réseaux sociaux en ce début de campagne.
Antoine Da Cruz, un commerçant au service de Lassalle
Commerçant ruthénois, Antoine Da Cruz repart au combat. Déjà candidat en 2022 où il avait récolté 3,39 %, il sera cette fois l’unique candidat du mouvement Résistons ! de Jean Lassalle dans le département. Avec l’ambition de capitaliser sur le bon score des Européennes de la liste Alliance rurale. Dans la première circonscription, celle-ci a réalisé son plus petit score départemental mais a tout de même récolté 6,86 %. Reste désormais à savoir comment Antoine Da Cruz va-t-il se positionner durant la campagne car le représentant de son parti dans le département a, lui, appelé à voter dans le Sud-Aveyron… le représentant Renaissance.
Arlette Saint-Avit, une habituée du scrutin
C’est une habitude. Depuis 2007, Arlette Saint-Avit se présente lors des législatives sur la première circonscription sans véritablement faire campagne et avec des résultats oscillant autour de 1 %… Cette fois encore, cette retraitée de La Poste, en banlieue parisienne, se présente, toujours sous la bannière de Lutte Ouvrière, l’un des seuls partis de gauche n’ayant pas accepté l’alliance dans le nouveau Front populaire. La candidate qui milite depuis les années 1980 rappelle à chaque scrutin qu’elle « propose un autre vote que celui de politiciens au service des plus riches et surtout pour faire passer un autre message que celui du libéralisme ».
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